Lérins, une île sainte de l'Antiquité au Moyen Âge. Etudes réunies par Yann Codou, Michel Lauwers, Collection d'études médiévales de Nice (CEM) vol. 9, Brepols, 2010, 788 p. ISBN 978-2-503-51834-3.
Dans les années 400-410, un groupe d'ascètes menés par Honorat s'installe sur la plus petite des deux îles de Lérins, au large de Cannes, donnant ainsi naissance à l'un des premiers établissements religieux d'Occident. Ce "désert" monastique devint très tôt un pôle d'attraction sans équivalent sur les plans spirituel, intellectuel et social, ainsi qu'un lieu d'essaimage, fournissant personnel, structures d'autorité et système de valeurs à la société de l'Antiquité tardive. Au Moyen Âge, les moines lériniens bâtirent, à partir de leur île, une puissante Eglise seigneuriale commandant un vaste réseau de prieurés et de dépendances, engagée au service de la papauté et dans la lutte contre les ennemis de la foi, tels que les Sarrasins.
Les écrits composés entre le Ve siècle et l'époque moderne attestent la manière dont les religieux ont progressivement assimilé leur établissement à une "île sainte", puis à une "île sacrée", identifiée à l'Ecclesia dans son ensemble. L'élaboration d'une ecclésiologie originale s'est accompagnée de l'aménagement sur l'île d'une singulière topographie, juxtaposant un ensemble claustral, une tour fortifiée, et une série de lieux de culte secondaires ou chapelles : les auteurs du livre s'efforcent aussi de comprendre l'organisation et le sens de cet espace sacralisé très particulier.