Source : Université Jean Monnet.
Appel à contributions
Colloque international organisé par le CERCOR, les 24, 25 et 26 octobre 2012.
L'agrégation en communauté religieuse a presque toujours un caractère
identitaire. Celui-ci trouve notamment à s'exprimer dans des références
exclusives ou combinées à un ou des personnages « fondateurs », un
établissement originel, un corpus d'œuvres, un idéal spirituel, une tradition,
des pratiques ou un habit spécifiques ou bien encore une règle religieuse
entendue au sens large (regula,
consuetudo, ordo, institutio ou constitutiones,...).
De ce fait, les communautés religieuses inclinent au renforcement des
qualités particulières qui traduisent leur appropriation de la quête du Salut
et leurs singularités dans le partage d'une même vision du « monde ».
Dans la longue durée, ce phénomène de ségrégation volontaire s'amplifie à
la mesure de la multiplication des nouvelles expériences religieuses. Il
s'ordonne progressivement, en particulier du fait des discriminations opérées à
l'initiative de la papauté (nomenclature, taxinomie, hiérarchisation). Sa
conséquence est un effet de saturation, « monde plein » des religieux
où la survie implique une construction comparative des communautés parfois
exacerbée jusqu'à la rivalité.
Aussi, dans une dynamique permanente d'échanges et de confrontations éphémères
ou durables, les communautés s'établissent dans la reconnaissance
réciproque ; s'affirment par la diffusion auprès de leurs homologues de
leur esprit propre, leurs idéaux, préceptes ou pratiques ; se renouvellent
en trouvant chez d'autres des modèles, des repoussoirs ou des exemples qu'elles
adaptent.
Les travaux sont déjà relativement nombreux qui sont isolément dédiés à
certaines des modalités manifestes d'interactions telles que la réforme, les
emprunts coutumiers ou les conflits. Mais la grande diversité des interactions
chez les religieux mérite un regard d'ensemble.
C'est pourquoi le Cercor appelle à poursuivre la réflexion sur ce thème à
l'aide des repères suivants :
* Les origines des interactions :
- initiatives spontanées, en provenance des communautés elles-mêmes
(unilatérales, bilatérales, multilatérales) ;
- initiatives des autorités laïques ou ecclésiastiques, initiatives
pontificales ;
* Les modalités des interactions :
- l'intervention dans les affaires internes d'une autre communauté
notamment via un processus réformateur (appelé ou subi) ;
- la reconnaissance réciproque, l'échange et le partage, (échanges
épistolaires, échanges d'ouvrages, associations spirituelles, ...) ;
- l'imitation, l'emprunt, la révérence ;
- la concurrence, voire la rivalité, parfois exacerbées jusqu'au
conflit ;
* les divers plans des interactions :
- interactions internes à une communauté, entre le supérieur et la
communauté : sanctions et corrections mais aussi ajustements dans l'ordo
ou la coutume ;
- interactions internes à un ordre au sens institutionnel : les visites,
les sanctions et leurs effets ; les réactions internes à l'autorité
centrale ; les solidarités matérielles ;
- interactions entre ordres eux-mêmes ;
- interactions avec une instance ecclésiastique « supérieure »,
essentiellement la papauté : imposition d'une règle ou d'un ordre, réalité
ou fait de nomenclature issu de la Curie romaine (modalités de création des
règles du monachisme romain oriental à l'époque moderne) ;
- interactions passé-présent : en particulier pour la période moderne,
interactions entre les modèles religieux anciens (organisation, habitus) -
monastiques ou non - et les nouvelles formes de vie consacrée (ordres de clercs
réguliers, congrégations cléricales, congrégations laïques, ...) ;
* les formes des interactions et plus encore leurs effets, en particulier
dans les domaines suivants :
- la vie spirituelle, entendue au sens large : adoption de modèles
spirituels externes, partage ou emprunt de figures spirituelles, circulations
hagiographiques, circulation de modèles iconographiques ; à l'époque
moderne émergence du discours sur « l'esprit » des ordres religieux,
discours unifié sur la vocation à la vie religieuse ;
- la pratique liturgique, l'élaboration des propres liturgiques ;
- les mobilités humaines (pérégrinations monastiques, déplacements de
couvents, de moines ou de frères, changements d'ordre ou de règle, ...) ;
- le pouvoir, la construction et la production normatives (notamment les
inclusions de normes allogènes ou les emprunts à celles-ci, les pratiques de
dévolution des pouvoirs internes aux communautés) ;
- la vie intellectuelle et les préoccupations savantes, les échanges de
livres et d'idées ;
- le genre de vie quotidien et l'organisation interne de la
communauté ;
- la vie économique (partages de terres ou compascuités, relais financiers
communs, ..., affirmation des divergences conceptuelles à l'égard de la
propriété ou rivalités concrètes).
Comité scientifique :
Jean-François BRUN
Philippe CASTAGNETTI
Frédérique COSTANTINI
Noëlle DEFLOU-LECA
Manuel De SOUZA
Sylvain EXCOFFON
Daniel-Odon HUREL
Annick PETERS-CUSTOT
Sylvain TROUSSELARD
Ludovic VIALLET
Proposition de communication à envoyer de
préférence avant le 10 novembre 2011 au Cercor : cercor@univ-st-etienne.fr
CERCOR - UMR 8584
Site Tréfilerie - Bât. M
35, rue du 11 novembre
42023 St Etienne Cedex 2