Source : Sfac.
Séance de rentrée
Samedi 10 novembre
2012
Découvertes
récentes à Péluse : l’église, les bains et le « téménos de Pélousios » à Tell
el-Farama
Charles Bonnet
(Genève, Membre de l’Institut) et Jean-Yves Carrez-Maratray (Université
d’Angers, Labex RESMED)
La ville de Péluse
(de son nom grec « la boueuse ») fut, jusqu’à sa destruction finale par Amaury
1er de Jérusalem en 1169, le port le plus oriental du Delta égyptien, installé
au débouché de la branche Pélusiaque. Isolées dans le Nord-Sinaï par le percement du canal de Suez, à 30 km
environ au sud-est de Port-Saïd, ses ruines occupent pour l’essentiel le site
actuel de Tell el-Farama. Ce vaste kôm allongé d’ouest en est, qui a conservé
en arabe le nom égyptien de la ville, la copte Peremoun, couvre la partie
centrale, la plus importante, de l’agglomération antique et médiévale, dominée
par l’enceinte urbaine édifiée au Bas-Empire. Au sud-est de cette enceinte,
extra-muros, les fouilles du Conseil Suprême des Antiquités d’Égypte ont mis au
jour une église monumentale, des bains et divers quartiers d’habitation dont
l’étude et la restauration ont été confiées à une équipe associant archéologues
égyptiens, suisses et français. La fouille des niveaux sous-jacents aux
édifices dégagés qui datent, en leur état le plus ancien, de la fin du IIIe
siècle pour les bains et du début du Ve siècle pour l’église, a révélé
l’existence de prestigieux bâtiments romains antérieurs. Parmi eux, une villa
suburbana du IVe siècle sous l’église et, surtout, en relation avec les bains,
un téménos qui associait à un temple sur podium divers aménagements
hydrauliques de grande ampleur, dont une sakyiah. Divers indices laissent à
penser qu’il s’agit là du sanctuaire de Pélousios, le Bon Génie des eaux local,
vénéré depuis l’époque d’Auguste et représenté sur une fresque du mur est de
l’Iseum de Pompéi.