Source: ApAhAu.
Cette journée d’étude se déroulera à
Clermont-Ferrand le mardi 5 juin 2012, à la Maison des sciences de l’homme.
Elle s’adresse en priorité aux jeunes chercheurs en sciences humaines et
sociales des universités françaises. L’enjeu de cette journée d’étude sera de
déterminer dans quelles mesures un espace privé devient un espace public
lorsqu’une activité professionnelle s’y exerce, ceci dans une perspective
diachronique et multidisciplinaire.
La dichotomie espace public / espace privé
a souvent été discutée à travers des approches variées, qu’elles soient
historiques sociologiques, politiques, ou encore psychologiques. Le sociologue
allemand J. Habermas fut parmi les premiers à employer la notion
d’ « espace public » (Habermas 1962), qu’il associe étroitement
à l’organisation politique et sociale de l’État. P. Ariès et G. Duby
ont choisi quant à eux de s’appuyer sur le constat simple que, bien que que la
vie privée et l’intimité sont des notions revendiquées avec la montée de la
bourgeoisie au XIXe siècle, « de tous temps et partout, s’est exprimé dans
le vocabulaire le contraste […] qui oppose au public […] le privé. »
(Ariès, Duby 1985). Plusieurs colloques et journées d’études ont également enrichi
les considérations sur ce sujet vaste, notamment le colloque dirigé par F.
Gherchanoc (2006) qui a affiné le questionnement en appréhendant l’espace privé
particulier qu’est la maison comme un lieu de sociabilité.
La notion de public renvoie fondamentalement
à celle d’État et concerne le peuple dans son ensemble. Elle se veut l’opposé
de la notion du privé, qui se définit comme un espace destiné au particulier,
propre à chacun et où le public n’est généralement pas admis.
Il a été choisi d’aborder ces notions, au
prime abord antagonistes, à travers un espace particulier, celui de la maison.
Si la maison est souvent considérée comme le lieu privé par excellence, elle
est également un lieu où s’exercent de nombreuses activités publiques :
activités professionnelles, pratiques sociales (réceptions publiques et
politiques), culturelles (salons, bibliothèques, cabinets de curiosité) et
religieuses. Afin de prévenir un éparpillement des études de cas, le parti pris
a été de centrer la question autour des activités professionnelles pratiquées
au sein de cet espace privé qu’est la maison, dans une perspective diachronique
(de l’Antiquité à l’époque contemporaine) et multidisciplinaire (histoire,
histoire de l’art, histoire du droit, sociologie, archéologie, etc.) à
l’échelle de l’Europe occidentale.
Deux axes thématiques sont proposés. Ils
devront permettre de déterminer dans quelles mesures cet espace intime et privé
qu’est la maison devient un espace public dès lors qu’une activité
professionnelle (art, commerce, artisanat, professions libérales, etc.) s’y
exerce.
Comment identifier un espace « professionnel » – donc
public ? – au sein de la maison ?
La maison et le lieu de l’activité
professionnelle sont-ils deux espaces clairement distincts l’un de
l’autre ? Dans ce cas, est-il possible d’identifier une séparation entre
les deux, et comment se matérialise-t-elle (langage architectural, mobilier,
etc.) ? L’espace professionnel peut-il être justement qualifié de public ou
faut-il le traiter comme espace semi-public ? L’imbrication et la
perméabilité de ces deux espaces peuvent être envisagées dans différents
contextes, aussi bien en zone urbaine – ce qui amène à se questionner sur la
contrainte spatiale causée par la ville – qu’en zone rurale (villae, château,
maison de maître, presbytère, …).
De quelle façon une profession peut-elle s’insérer dans un espace
privé ?
Quelle est la place de l’activité professionnelle
dans la maison, et de quelle façon se déroule la cohabitation entre la vie
privée, autrement dit l’intime, et l’activité professionnelle, publique ?
Le sujet pourra être traité aussi bien du point de vue du maître de maison –
qui n’est pas nécessairement celui qui y pratique une activité professionnelle
– que de celui des habitants, nécessairement concernés par l’intrusion publique
dans un lieu privé. Mais aussi, le point de vue peut être celui de la personne
exerçant la profession, ou bien encore celui du public, c’est-à-dire de la
clientèle qui fréquente les lieux. Le cas particulier des communautés peut
également être appréhendé. Comment ces différents protagonistes
s’approprient-ils cet espace à l’origine privé mais transformé en un espace ouvert,
au moins en partie, au public ? Y a-t-il négation consciente – ou
inconsciente – de leur part de la partition des espaces ?
Organisée par la « jeune équipe » du
Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » de Clermont-Ferrand (EA 1001), qui
regroupe historiens (de l’Antiquité à nos jours), historiens de l’art et
archéologues, cette journée se déroulera le mardi 5 juin à la Maison des
Sciences de l’Homme de Clermont-Ferrand. Elle donnera lieu à une publication
électronique après l’avis d’un comité éditorial.
Modalités
Les propositions de communications sont à
adresser aux organisateurs à l’adresse suivante :
jeune.equipe.chec@gmail.com
Avant le 15 février 2012
Comité organisateur :
Thomas Aréal, Florian Baret, Oriane
Hébert, Sandra Chabert, Marie Delpy, Aurélie Ducreux, Amandine Fauchon
(doctorants en histoire et archéologie au CHEC, Clermont 2).
Comité Scientifique :
- Nicolas
Beaupré,
- Philippe
Bourdin,
- Catherine
Bréniquet,
- Damien
Carraz (professeurs et maîtres de conférences, CHEC, Clermont 2).