Monday, January 7, 2013

Appel à contribution : Arthur, la mer et la guerre, Université du Littoral - Côte d'Opale, 22 - 24 mai 2014



Un colloque européen se tiendra du jeudi 22 au samedi 24 mai 2014 à Boulogne-sur-Mer, à l’Université du Littoral Côte d’Opale (ULCO). Le colloque s’articulera autour des trois grands blocs thématiques et chronologiques détaillés ci-dessous. Il permettra de confronter les travaux d’archéologues, d’historiens, de philologues, d’historiens de l’art, de spécialistes de littérature anglaise et française, médiévale autant que contemporaine, ainsi que de spécialistes du cinéma ou de la bande dessinée.

La mer et la guerre à « l’Âge d’Arthur » (300-700)
Dans un premier temps, historiens et archéologues seront sollicités pour faire le point sur la guerre sur mer, l’organisation des défenses côtières et l’articulation stratégique terre-mer dans l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge, à la fois dans l’île de Bretagne et dans les régions côtières avoisinantes. Quel type de marine et de défenses côtières auraient pu être celles d’un chef de guerre ou d’un roi breton dans la période s’étendant de l’usurpation de Carausius jusqu’à la fin des migrations anglo-saxonnes ?

C’est en effet au cœur de cette période qu’Arthur pourrait avoir vécu. Même si les textes les plus anciens (Historia Brittonum, Annales Cambriae) ne font jamais mention d’une activité maritime du héros, son activité est placée par ces auteurs dans le cadre d’un conflit entre des populations insulaires, les Bretons, et des populations d’envahisseurs venus de la mer, les Saxons. Le cas de Riothamus, le roi breton combattant sur le continent mentionné à la fois par Sidoine Apollinaire et par Jordanès, et que Geoffrey Ashe a (sans doute à tort) identifié à Arthur, pourra ainsi être réexaminé. On pourra aussi se pencher sur les figures de Magnus Maximus et de Constantin III, retenues par certaines versions de la légende arthurienne, chez Geoffroy de Monmouth ou en milieu gallois.

Parmi les thèmes abordés, on pourra aussi retenir l’organisation du Litus Saxonicum, les ports de la région (dont bien entendu Boulogne) avant l’émergence de Quentovic au VIIe siècle, les ravages des pirates francs et saxons sur les côtes bretonnes et gauloises avant et après le retrait des légions romaines de Bretagne, l’engagement de mercenaires ou fédérés saxons, et de manière générale les migrations à but guerrier autour de l’île de Bretagne.

La mer et la guerre dans la littérature arthurienne médiévale (1000-1500)
Dans les premiers textes en langue brittonique (dès les environs de l’an 1000), Arthur ne semble que modérément lié à la mer : il la traverse néanmoins pour se rendre en armes dans l’Autre Monde, il est lié à l’île d’Avalon, et il pourrait être intéressant de proposer à des celtisants d’explorer ces questions.

Mais à partir de l’œuvre de Geoffroy de Monmouth (1136), un épisode majeur de la geste arthurienne consiste en sa campagne contre le roi romain Lucius, campagne qui nécessite des allers-retours de part et d’autre de la Manche, surtout après la rébellion de son neveu Mordred. La campagne contre Lucius et la trahison de Mordred sont une constante du récit de la fin d’Arthur depuis Geoffroy jusqu’à Malory en passant par le cycle de la Vulgate. Ainsi, dans la Mort le roi Artu, c’est à Douvres, au retour de la campagne continentale, que meurt Gauvain. Comment se déroulent ces campagnes que l’on pourrait a priori dire « amphibies », puisqu’elles combinent forces terrestres et navales ? Le roi Arthur a-t-il une marine ? Comment s’en sert-il ? La dimension maritime de ces campagnes est-elle seulement abordée par les textes ? Se bat-on sur mer, ou fait-on le siège de places portuaires ?

Les îles et les territoires ultra-marins sont très présents dans la matière de Bretagne. Comment les chevaliers traversent-ils la mer ? Est-ce en armes et pour faire la guerre ? Comment ces traversées sont-elles représentées dans les miniatures des manuscrits arthuriens du Moyen Âge ?

Dans une perspective plus historique, on pourra aussi se pencher sur les rapports entre légende arthurienne et stratégie militaire et navale. Au temps des croisades et des passages outre-Mer, comment la matière arthurienne est-elle utilisée par les gouvernants ? On sait ainsi que Richard Cœur de Lion céda au roi Tancrède de Sicile l’épée Excalibur en échange de navires pour sa croisade : cet épisode et d’autres semblables pourront être étudiés.

On s’interrogera aussi sur l’existence d’une temporalité dans le traitement maritime de la guerre arthurienne et sur son devenir dans les réécritures des XIVe-XVIe siècles, en français comme dans d’autres langues : certains textes tardifs comme Isaïe le Triste ou Perceforest présentent en effet des épisodes de guerre sur mer, voire de bataille navale. La guerre sur ou via la mer est-elle plus présente dans ces récits contemporains des traversées guerrières d’Édouard III ou d’Henri V ?

La mer et la guerre dans la production arthurienne contemporaine (XIXe-XXIe siècle)
Le roman historique anglophone de la fin du XXe siècle s’était approprié le travail des historiens et surtout des archéologues médiévistes (Leslie Alcock, John Morris) pour recréer l’image d’un Arthur « guerrier des Âges obscurs », se voulant en général fidèle à la réalité « historique » elle-même construite par ces savants des années 1950-1980. Dans cette production littéraire, la mer et la guerre sur mer occupent parfois une place importante, et nous nous pencherons sur ce sujet ; mais qu’en est-il d’œuvres plus récentes ?

Il serait aussi intéressant d’aborder la place de la mer dans la littérature contemporaine présentant une inspiration arthurienne directe ou indirecte (heroic fantasy, littérature pour enfants, etc.), mais aussi dans le cinéma, dans l’opéra, et dans de nombreux autres modes d’expression artistique, en particulier ceux qui tiennent à la culture populaire (bande dessinée, illustration), ayant puisé à la matière arthurienne. Le phénomène du re-enactment pourra aussi être abordé.

Organisateurs
Alban GAUTIER (Histoire médiévale, ULCO) ;
Marc ROLLAND (Littérature anglaise, ULCO) ;
Michelle SZKILNIK (Littérature française, Paris III)

Conditions de soumission
Vous pouvez adresser vos propositions de communications à Alban Gautier (alban.gautier@univ-littoral.fr), en précisant votre nom, votre affiliation, le titre proposé pour votre communication, ainsi qu’un résumé d’une demi-page environ jusqu’au 31 janvier 2013

Cet appel à communications se veut large et sans exclusive.

Le français et l’anglais seront les langues de travail du colloque.