Un colloque
européen se tiendra du jeudi 22 au samedi 24 mai 2014 à Boulogne-sur-Mer, à
l’Université du Littoral Côte d’Opale (ULCO). Le colloque s’articulera autour
des trois grands blocs thématiques et chronologiques détaillés ci-dessous. Il
permettra de confronter les travaux d’archéologues, d’historiens, de
philologues, d’historiens de l’art, de spécialistes de littérature anglaise et
française, médiévale autant que contemporaine, ainsi que de spécialistes du
cinéma ou de la bande dessinée.
La mer et la
guerre à « l’Âge d’Arthur » (300-700)
Dans un premier
temps, historiens et archéologues seront sollicités pour faire le point sur la
guerre sur mer, l’organisation des défenses côtières et l’articulation
stratégique terre-mer dans l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge, à la
fois dans l’île de Bretagne et dans les régions côtières avoisinantes. Quel
type de marine et de défenses côtières auraient pu être celles d’un chef de
guerre ou d’un roi breton dans la période s’étendant de l’usurpation de
Carausius jusqu’à la fin des migrations anglo-saxonnes ?
C’est en effet au
cœur de cette période qu’Arthur pourrait avoir vécu. Même si les textes les
plus anciens (Historia Brittonum, Annales Cambriae) ne font jamais mention
d’une activité maritime du héros, son activité est placée par ces auteurs dans
le cadre d’un conflit entre des populations insulaires, les Bretons, et des
populations d’envahisseurs venus de la mer, les Saxons. Le cas de Riothamus, le
roi breton combattant sur le continent mentionné à la fois par Sidoine
Apollinaire et par Jordanès, et que Geoffrey Ashe a (sans doute à tort)
identifié à Arthur, pourra ainsi être réexaminé. On pourra aussi se pencher sur
les figures de Magnus Maximus et de Constantin III, retenues par certaines
versions de la légende arthurienne, chez Geoffroy de Monmouth ou en milieu
gallois.
Parmi les thèmes
abordés, on pourra aussi retenir l’organisation du Litus Saxonicum, les ports
de la région (dont bien entendu Boulogne) avant l’émergence de Quentovic au
VIIe siècle, les ravages des pirates francs et saxons sur les côtes bretonnes
et gauloises avant et après le retrait des légions romaines de Bretagne,
l’engagement de mercenaires ou fédérés saxons, et de manière générale les
migrations à but guerrier autour de l’île de Bretagne.
La mer et la
guerre dans la littérature arthurienne médiévale (1000-1500)
Dans les premiers
textes en langue brittonique (dès les environs de l’an 1000), Arthur ne semble
que modérément lié à la mer : il la traverse néanmoins pour se rendre en armes
dans l’Autre Monde, il est lié à l’île d’Avalon, et il pourrait être intéressant
de proposer à des celtisants d’explorer ces questions.
Mais à partir de
l’œuvre de Geoffroy de Monmouth (1136), un épisode majeur de la geste
arthurienne consiste en sa campagne contre le roi romain Lucius, campagne qui
nécessite des allers-retours de part et d’autre de la Manche, surtout après la
rébellion de son neveu Mordred. La campagne contre Lucius et la trahison de
Mordred sont une constante du récit de la fin d’Arthur depuis Geoffroy jusqu’à
Malory en passant par le cycle de la Vulgate. Ainsi, dans la Mort le roi Artu,
c’est à Douvres, au retour de la campagne continentale, que meurt Gauvain.
Comment se déroulent ces campagnes que l’on pourrait a priori dire « amphibies
», puisqu’elles combinent forces terrestres et navales ? Le roi Arthur a-t-il une
marine ? Comment s’en sert-il ? La dimension maritime de ces campagnes est-elle
seulement abordée par les textes ? Se bat-on sur mer, ou fait-on le siège de
places portuaires ?
Les îles et les
territoires ultra-marins sont très présents dans la matière de Bretagne.
Comment les chevaliers traversent-ils la mer ? Est-ce en armes et pour faire la
guerre ? Comment ces traversées sont-elles représentées dans les miniatures des
manuscrits arthuriens du Moyen Âge ?
Dans une
perspective plus historique, on pourra aussi se pencher sur les rapports entre
légende arthurienne et stratégie militaire et navale. Au temps des croisades et
des passages outre-Mer, comment la matière arthurienne est-elle utilisée par
les gouvernants ? On sait ainsi que Richard Cœur de Lion céda au roi Tancrède
de Sicile l’épée Excalibur en échange de navires pour sa croisade : cet épisode
et d’autres semblables pourront être étudiés.
On s’interrogera
aussi sur l’existence d’une temporalité dans le traitement maritime de la
guerre arthurienne et sur son devenir dans les réécritures des XIVe-XVIe
siècles, en français comme dans d’autres langues : certains textes tardifs
comme Isaïe le Triste ou Perceforest présentent en effet des épisodes de guerre
sur mer, voire de bataille navale. La guerre sur ou via la mer est-elle plus
présente dans ces récits contemporains des traversées guerrières d’Édouard III
ou d’Henri V ?
La mer et la
guerre dans la production arthurienne contemporaine (XIXe-XXIe siècle)
Le roman
historique anglophone de la fin du XXe siècle s’était approprié le travail des
historiens et surtout des archéologues médiévistes (Leslie Alcock, John Morris)
pour recréer l’image d’un Arthur « guerrier des Âges obscurs », se voulant en
général fidèle à la réalité « historique » elle-même construite par ces savants
des années 1950-1980. Dans cette production littéraire, la mer et la guerre sur
mer occupent parfois une place importante, et nous nous pencherons sur ce sujet
; mais qu’en est-il d’œuvres plus récentes ?
Il serait aussi
intéressant d’aborder la place de la mer dans la littérature contemporaine
présentant une inspiration arthurienne directe ou indirecte (heroic fantasy,
littérature pour enfants, etc.), mais aussi dans le cinéma, dans l’opéra, et
dans de nombreux autres modes d’expression artistique, en particulier ceux qui
tiennent à la culture populaire (bande dessinée, illustration), ayant puisé à
la matière arthurienne. Le phénomène du re-enactment pourra aussi être abordé.
Organisateurs
Alban GAUTIER
(Histoire médiévale, ULCO) ;
Marc ROLLAND
(Littérature anglaise, ULCO) ;
Michelle SZKILNIK
(Littérature française, Paris III)
Conditions de
soumission
Vous pouvez
adresser vos propositions de communications à Alban Gautier
(alban.gautier@univ-littoral.fr), en précisant votre nom, votre affiliation, le
titre proposé pour votre communication, ainsi qu’un résumé d’une demi-page
environ jusqu’au 31 janvier 2013
Cet appel à
communications se veut large et sans exclusive.
Le français et
l’anglais seront les langues de travail du colloque.